ArchivArt, 1ère Startup Tunisienne qui travaille sur le potentiel de visibilité

L’ARTISTE EST CELUI QUI NOUS MONTRE DU DOIGT UNE PARCELLE DU MONDE». JEAN MARIE GUSTAVE LE CLEZIO.

L’artiste laisse une empreinte, une trace qui appellent une interprétation. Depuis plusieurs années, la Tunisie est un pays en pleine effervescence artistique, toutes disciplines confondues et les nouveaux venus cherchent leur place dans un univers sans repères où la motivation et le talent sont là mais où les références et l’organisation, d’évidence, manquent. C’est dans cette brèche qu’un nouveau venu, archiV’art, pour «archive des arts» a pointé le bout de son nez en janvier dernier dans les réseaux sociaux et nous a sollicité, interpellé. Les amateurs et professionnels ont salué le nouveau venu comme un «game changer» de la vie culturelle et artistique tunisienne. C’est qu’il y avait probablement une attente inexprimée et Wafa Gabsi en «partageant» la construction du site, répondait à celle-ci.

Mais qui est Wafa Gabsi?

Wafa Gabsi est une jeune entrepreneure tunisienne qui a une connaissance théorique et pratique confirmée du milieu de l’art et des artistes et qui a de la suite dans les idées.

Après des études d’architecture d’intérieur à Tunis, elle s’est réorientée vers les problèmes de médiation et de politiques culturelles. Sa thèse, à Paris, porte sur la reconnaissance des artistes du sud de la Méditerranée en Europe et aux Etats Unis. On retrouve là le principe fondateur d’archiv’Art.

La préparation de sa thèse s’est organisée par des enquêtes de terrain et des entretiens avec des artistes du sud de la Méditerranée. Elle a suivi diverses formations connexes. En résidence à la Delfina Foundation, à Londres, elle a organisé et curaté autour d’un dîner, pour les directeurs londoniens de musées et de galeries, un talk dont le sujet est l’art contemporain au Maghreb avec Zineb Sedira et Selma Feriani. Elle a aussi contribué à la revue en ligne Ibraaz.org (KLF Foundation).

En Tunisie depuis 2014, elle enseigne à l’Université, mûrit son projet et approfondit sa connaissance du marché de l’art en Tunisie et au Maghreb. D’abord avec la KLF, puis avec l’Union Européenne sur des missions de facilitation et d’analyse du terrain culturel. (Projet Tfanen –Tunisie Créative). Elle connaît le milieu et le milieu si l’on peut dire, la reconnaît. Devant le manque d’archives et de traces laissées par les études, le projet se dessine: du reste, il devait s’appeler «archives créatives».

Afin de mettre au point archiv’Art, elle intègre deux incubateurs qui l’aident à mettre en place une stratégie qui va lier ce qui lui a toujours été cher: les archives des évènements, des œuvres et des artistes mais pas seulement, le suivi et les entretiens aussi.

Elle dresse un état des lieux de la pratique de l’art en Tunisie et dit : «Les artistes visuels tunisiens, comme d’autres artistes africains souffrent aujourd’hui de leur impossibilité à vivre de leur art. La raison? Il y a en Tunisie uniquement deux magazines qui parlent des artistes, un seul site web pour les ventes aux enchères, dix-huit espaces d’exposition répondant aux critères de légitimation mais finalement il n’y a que six galeries qui arrivent à vendre sur le marché national et international».

«La solution que nous proposons aujourd’hui est archiV’art, qui va aider à augmenter le potentiel de visibilité de l’artiste».

Comment interviendra archiV’art?

En mettant en relation les artistes et les collectionneurs par l’intermédiaire d’une banque de données qui fournira des contenus divers organisés sous formes de «cahiers»: interviews, articles longs et courts, biographies, podcasts, capsules…

…Et aussi en constituant une galerie en ligne qui va permettre aux artistes tunisiens et de l’Afrique de vendre leurs œuvres.

…Et également: en proposant aux amateurs de modestes revenus des «produits dérivés»: livres d’art, affiches, catalogues, carnets d’artistes …Tout le monde pourra avoir sa parcelle d’art manquante.

Archiv’Art tissera des liens connexes avec les galeries, les collectionneurs, les amateurs d’art à travers les évènements online et off line.

A ce propos, Wafa Gabsi nous rappelle qu’aujourd’hui, le marché de l’art africain représente environ 40 millions de dollars contre 67 milliards pour le marché mondial, soit moins d’un millième de celui-ci. Mais la tendance 2019 est l’art de l’Afrique.

Ce projet en voie de réalisation a une ambition légitime et une antériorité réfléchie. On comprend qu’il soit attendu et que le deuxième test sur le réseau social (interview de Lilia El Golli) a fait un bruit qui résonne encore à nos oreilles.Il naîtra dans un monde changé par le numérique et dans une Afrique jalonnée de festivals artistiques.

EDIA LESAGE

ideo magazine

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