“L’artiste engagé Akacha constitue une figure majeure et controversée du champ de l’art
contemporain. Il pose à plusieurs niveaux de complexité des relations à la fois conflictuelles
et constitutives du politique, du social hiérarchique, et de l’art au sein d’un milieu culturel et
artistique n’esquivant point l’ordre moral. C’est ce caractère polémique, dans un jeu
d’opposition constante avec le milieu, qui fait œuvre chez Akacha.
L’artiste intègre dans son travail les thématiques de racisme, d’immigration, de chômage,
d’islamophobie, de pollution….. Dès sa jeunesse, il est confronté au regard de l’Autre et à la
manière dont ce regard peut affecter la construction d’une identité propre. Akacha prend
alors sa propre existence comme support pour ses peintures et ses performances. Puisant son
travail artistique dans son journal intime qu’il esquisse depuis 20 ans, l’artiste puise ses
œuvres à partir de sa vie du quartier, de ses différentes rencontres et expériences. Akacha est
fortement impliqué dans les questions relatives à la jeunesse et à son futur. Dans ses
fragments d’œuvres colorées, il imagine un monde sans inégalité. Un monde idéal où les
opportunités de la vie sont possibles à tout être humain, un monde idéal où le racisme
n’existe pas, un monde idéal où le pouvoir n’est pas utilisé à mauvais escient.
Par l’intermédiaire de la description d’une société idéale, Akacha pointe du doigt l’essence de
l’art. Une société parfaite ne pourrait pas engendrer de création car aucune contestation,
aucune revendication, aucune polémique ne serait exprimée par l’art.
Akacha bouscule les normes, il utilise l’art comme moyen de propagande ou de contestation,
entretenant un lien étroit avec la politique et la société contemporaine.
Son engagement dans la création est profondément politique et sociale, dans l’optique d’un
changement réel et tangible dans l’intimité du spectateur, en dehors de son appréciation
esthétique. 1
« Akacha fi Darna » appelle à penser l’artiste sous l’angle de l’exigence morale et sa place
comme « voix » dans et de l’espace social, cet espace dont l’actualité illustre la fragilité de sa
position.”
Texte de Wafa Gabsi Takali