“The Return“ –  Skander Khlif

Sur le bateau, les phares reflétaient les ombres du vide et de l’absence…Ces ombres projetées sur les murs se déplaçaient lentement, elles nous donnaient une sensation de peur et d’anxiété comme si elles étaient animées et vivantes. Ce jeu d’ombres dramatique et surréaliste devenait le théâtre parfait d’une mise en scène. Ici les passagers sont présents. Faire que leurs histoires soient portées dans la trajectoire comme une brise intime de ce voyage, nourrissait la poésie du scénario.

Se laissant porter par cette brise, un passager a donné à voir toute la particularité de l’installation.

Par une mélodie de Strauss rebattue que ses souvenirs s’agitent…par une dérision à l’amertume de laquelle il serait sensible, Skander Khlif nous plonge dans un imaginaire dépeuplé : l’œuvre témoin est née !  Installée dans cette pièce vide, elle reflète parfaitement une longue histoire d’attente et d’espoir.

De la chambre sombre débute le périple d’un long voyage où les images de forme humaine apparaissent et disparaissent peignant un roman photographique qui s’énonce comme un espace à conquérir, à rêver.

Doucement, les photographies de Skander Khlif dessinent une cartographie poétique, un réseau qui relie des êtres pluriels par une multitude de points, permettant une cohésion humaine. Comme Foucault le considérait « tous les espaces coexistent et se croisent. Ils prennent des formes extraordinairement variées : « cet espace pouvait être lui-même définitivement hors du temps » [1].”

Le projet photographique de Skander Khlif raconte ainsi une histoire singulière et intime des multitudes de personnages dont les doutes, les espoirs et les convictions sont mis à nu.  

L’attente, la nostalgie, l’espoir, la peur, la recherche de soi…des aspirations et des sentiments qui exaltent les œuvres projetant un désir de retourner sur le continent originel.

Le photographe nous guide ainsi vers un horizon commun. Grâce à une focalisation interne, il accède à l’intimité des personnages. Il nous raconte l’histoire d’une traversée marquée par des séquences de vie, tout aussi fragiles que magiques. Il nous livre en images l’histoire intime de sa traversée suspendue entre deux mondes. Un voyage de soi en-soi.

[1] FOUCAULT Michel, Dits et écrits 1984, Des espaces autres (conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967), in Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984, p. 46-49

[2] Ibidem.

Wafa Gabsi Takali

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